DÉCRYPTAGE / Respirer… pour changer

Inspiré du pranayama, utilisé par des psychiatres américains dans les années 1970 pour remplacer le LSD, le Breathwork – littéralement, travail du souffle – n’est pas seulement une méthode de bien-être à la mode : c’est l’un de ses outils les plus puissants. 

Les poumons sont les seuls organes qui peuvent être délibérément contrôlés par notre mental: et ça, déjà, c’est un rapport au corps révolutionnaire qui passionne et commence à être étudié dans de plus en plus de centres de recherche à travers la planète. Logique que le Breathwork, une discipline assez jeune finalement, connaisse un tel succès, dans les studios de wellness mais aussi en ligne. Le postulat de départ? (Ré)apprendre à respirer, stimuler tous les systèmes liés au souffle (nerveux, immunitaire, sanguin…) mais aussi s’offrir une expérience à nulle autre pareille dans cet univers.

Pour bien comprendre, il faut remonter le fil de l’histoire. Dans les années 1970 le psychiatre Stanislav Grof étudie le potentiel psychothérapeutique du LSD sur ses patients dépressifs et/ou anxieux. Quand cette drogue est interdite aux États-Unis, il cherche une façon naturelle de faire entrer un individu dans le même état de conscience modifié qu’avec les psychotropes. C’est sa femme, professeure de yoga, qui lui en donne les clés. Le Breathwork est en effet inspiré d’un exercice de pranayama qui consiste à respirer uniquement par la bouche selon un rythme précis (deux inspirations, une expiration). On parle aussi de « respiration holotropique » ou de « rebirth ». Grosso modo, après quelques minutes d’hyperventilation, l’hypothalamus libère des endorphines, d’où un sentiment d’euphorie similaire au « runner’s high », ce moment où le joggeur « plane ». Temporairement, un changement des proportions de gaz dans le sang s’opère (fort afflux d’oxygène, baisse du dioxyde de carbone) qui met la partie frontale du cerveau en veille. C’est là que l’expérience devient étonnante : une fois sur off, l’intellect laisse la place au subconscient, à l’intuition, à la libération de certaines émotions et de peurs enfouies – certains parlent même de « visions ».

“Un challenge mental,
physique et émotionnel”

En France, c’est la Californienne Susan Oubari qui a popularisé cette méthode. La respiration par la bouche n’est qu’une étape parmi d’autres d’une séance de Breathwork, mais la fondatrice de Breathe in Paris dit qu’elle est souvent « life changing ». Nombreux sont ses clients à prendre des décisions radicales après juste une session : déménager, quitter un partenaire toxique, démissionner et même devenir professeur de Breathwork…! De la même manière que, pendant la séance, on doit se challenger à ne respirer que par la bouche et à faire taire son mental (qui, au début, est réticent, et intime l’ordre au corps d’arrêter car c’est inconfortable), le Breathwork est une histoire d’action, de reprise en main, de volonté et de changement.

À moyen terme, le travail du souffle aide à mieux gérer le stress et la fatigue (l’activation du système nerveux parasympathique détend les glandes surrénales sur-sollicitées) et à stimuler le phénomène de détox naturelle (la plupart des toxines sont libérées par le souffle). À plus long terme, les recherches démontrent un sommeil de meilleure qualité et même des performances physiques améliorées : aux Etats-Unis, il existe des programmes spécifiques de Breathwork pour les athlètes. Récemment, des études se focalisent même sur les effets sur les fumeurs : prendre conscience du processus respiratoire constituerait un déclencheur dans l’arrêt du tabac.

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